lundi 17 octobre 2016

Bruxelles 22 octobre 2017

Je serai à Bruxelles ce samedi 22 octobre (au bar "La fleur en papier doré") pour parler des rapports entre philosophie et science. Ci-dessous le texte de ma présentation.


La philosophie est-elle utile ?

Je vais vous parler ce soir de philosophie, et plus précisément des rapports entre philosophie et science, avec cette question en ligne de mire : la philosophie est-elle utile ?
Pourquoi cette question ? Simplement parce qu'on a vu ces dernières années certaines personnalités s'exprimer publiquement sur cette question, notamment : Laurence Krauss, Stephen Hawkins ou Neil Degrasse Tyson. Ces personnes ont toutes en commun deux choses : elles appartiennent à la communauté scientifique, ce sont en général des scientifiques ou des vulgarisateurs, et elles pensent que la philosophie en général, ou la philosophie des sciences en particulier, est inutile, ou dépassée. Citons, par exemple, Hawkins dans l'introduction de son ouvrage « Y a-t-il un grand architecte dans l'univers ? ». Hawkins nous dit :
« La philosophie est morte, faute d'avoir réussi à suivre les développements de la science moderne, en particulier de la physique. Ce sont les scientifiques qui ont repris le flambeau dans notre quête du savoir »
Hawkins pense donc que c'est aujourd'hui à la science, et non à la philosophie, de nous apprendre des choses sur le monde. Je pense qu'il a tort, et que cette courte phrase traduit une grande méconnaissance de la philosophie : en fait ce n'est pas la philosophie qui n'a pas réussi à suivre les développements de la science, mais plutôt Hawkins qui n'a pas suivi les développements de la philosophie… C'est en tout cas ce que je vais défendre ce soir.
De manière générale, au-delà de ces commentaires particuliers, il me semble que certaines idées reçues sur la philosophie sont assez répandues, et je propose de les examiner en détail. Parmi ces idées reçues, on trouve :
  • L'idée que la philosophie serait inutile : les questions philosophiques, et la façon dont on essaie d'y répondre, n'ont aucun impact sur la société, ou sur le développement de la science en particulier. Les philosophes se contentent de couper les cheveux en quatre, bien assis dans leurs fauteuils.
  • L'idée que la philosophie serait déconnectée de la réalité. Les philosophes ne feraient qu'exprimer leurs intuitions sans chercher à les vérifier, tandis que les scientifiques essaient de tester leurs théories.
  • L'idée que la philosophie serait proche de la littérature, de la poésie, voire du mysticisme : il s'agirait d'une simple manière d'exprimer un questionnement par rapport au monde ou une « façon de voir les choses » personnelle. Il serait toujours possible de défendre à peu près n'importe quelle position philosophique, ce serait une simple question de préférence individuelle.
  • L'idée que la philosophie ne demande pas de connaissances particulières : il suffit juste de réfléchir. Les scientifiques seraient alors les mieux placés pour se questionner sur les sciences, sur la méthode expérimentale, ou sur la nature de la réalité, et ils n'ont donc pas besoin des philosophes.
  • Enfin on a l'idée que la philosophie ne progresse pas : elle se pose des questions sans réponse, et ce sont les mêmes questions depuis la nuit des temps, alors qu'au contraire, la science fait progresser notre connaissance.
Tout ça est faux. Je propose donc aujourd'hui de dissoudre ces mythes. Pour terminer, je vais essayer de comprendre, dans une perspective plus sociologique, l'origine de cette rivalité entre science et philosophie, et ce qui amène ces scientifiques à penser que la philosophie est morte, obsolète ou inutile.
Mais commençons par cibler un peu notre sujet. D'abord qu'est-ce que la philosophie ? Je ne vais pas tenter ici de définir cette discipline (c'est une question complexe), mais on peut déjà s'en faire une idée en citant certaines de ses principales branches : l'éthique, qui s'intéresse à la question de ce qui fonde les jugements moraux, la philosophie politique, qui s'intéresse à l'organisation de la société ou aux questions de justice, la philosophie du langage, qui s'intéresse au rapport entre le langage, nos représentations et la réalité, l'épistémologie, qui s'intéresse à la manière dont on peut acquérir une connaissance du monde, à ce qui différencie connaissance et croyance, et la métaphysique, qui s'intéresse à la nature fondamentale des choses, à ce dont est fait la réalité. On pourrait décliner ces branches en citant également l'esthétique, la philosophie des mathématiques, la philosophie du droit ou la philosophie de l'esprit.
Enfin la branche qui va nous intéresser particulièrement est la philosophie des sciences : il s'agit d'un domaine qui est un peu à cheval entre l'épistémologie et la métaphysique. La philosophie des sciences s'intéresse à la manière dont la science permet d'obtenir une connaissance du monde, aux questions de méthode, au rôle de l'expérience, de l'observation et de l'expérimentation dans l'acquisition des connaissances : c'est son aspect épistémologique, mais elle s'intéresse aussi à la manière d'interpréter le contenu des théories scientifiques, c'est à dire : qu'est-ce que les sciences nous apprennent sur le monde, par exemple sur le temps, sur la matière ? C'est l'aspect plus métaphysique.
Ce qui caractérise la philosophie, dans tous ces domaines, c'est son approche de ces questions, qui est une approche rationnelle, réflexive, analytique et argumentative : la philosophie propose de produire des arguments logiques, d'analyser nos concepts, pour répondre à ces différentes questions. Ce sont des aspects qu'on retrouve depuis son origine, en particulier chez les grecs anciens.
Ceci nous permet déjà de dissoudre un premier mythe : la philosophie n'est pas le mysticisme, ce n'est pas la poésie ou la littérature, puisqu'elle se fonde sur la réflexion et le raisonnement logique. Il ne s'agit pas simplement d'exprimer un point de vue, mais de le défendre rationnellement.
Bien sûr c'est un aspect qu'elle partage avec les sciences : les sciences également fonctionnent suivant les principes de rationalité. Mais il existe certaines différences. D'abord, le type de questions que la philosophie se pose est différent, même s'il y a parfois des recoupements : une question philosophique est plus générale, plus abstraite et plus réflexive qu'une question scientifique. Si l'on regarde les différentes branches de la philosophie qu'on vient de citer, on pourra remarquer qu'elle n'est pas en concurrence directe avec les sciences. Elle se pose des questions d'une nature différente. Si l'on prend l'éthique par exemple : les philosophes se demandent ce qui fonde les jugements moraux. Un jugement moral est normatif, il nous dit ce qu’on doit faire. Certains philosophes pensent que les jugements moraux sont une simple expression de préférences personnelles ou une adhésion à des normes sociales, et d'autres affirment qu'il existe des faits moraux objectifs. Certains affirmeront, par exemple, que la question du bien et du mal doit se comprendre en termes des conséquences, positives ou négatives, de nos actions (on parle de conséquentialisme, dont une version est l'utilitarisme). D'autre pensent que c'est plutôt une question de devoir, indépendamment des conséquences, qu'il s'agirait de suivre certaines règles morales, et d'autres encore pensent que c'est une question de vertu : non pas suivre des règles, mais être une bonne personne. Ces philosophes proposent différents arguments pour essayer de défendre leur position ou pour mettre en difficulté les positions adverses. Alors bien sûr, la science peut nous éclairer sur certains aspects de la philosophie morale. Par exemple, la biologie évolutive peut nous renseigner sur la façon dont la coopération entre individus, qu'on juge généralement moralement bonne, a pu être sélectionnée par l'évolution. Peut-être qu'un jour les neurosciences nous éclairerons sur ce qui se passe dans le cerveau quand on émet un jugement moral. Mais ce n'est pas une question du même ordre : la biologie ne répond pas à la question « que dois-je faire ? Quelle est la meilleure façon d'agir ? ». A ce jour, on ne dispose d'aucune théorie scientifique qui nous indiquerait, dans une situation donné, ce qui est bien ou mal.
On pourrait faire le même raisonnement à propos des autres branches de la philosophie. Si l'on prend la philosophie des sciences en particulier : on ne dispose d'aucune théorie scientifique qui nous dirait comment fonctionne la science elle-même, et ce qui fait qu'une méthode scientifique est efficace ou non, ce qui nous permet de dériver des lois générales à partir d'observations particulières, ou ce qui fait qu'une discipline est ou non scientifique. Ce sont des questions philosophiques. En général, la science ne réfléchit pas sur elle-même. Les scientifiques peuvent le faire, mais ce ne sont pas des choses sur lesquelles les théories scientifiques nous renseignent directement.
Et même quand il est question de métaphysique, c'est à dire, quand on se demande : que nous apprennent les sciences à propos de la réalité, de la nature des choses ? Intuitivement, on pourrait penser que la métaphysique est en concurrence assez directe avec les sciences : ce sont les théories elles-mêmes qui nous apprennent de quoi est fait le monde (d'électrons, de quarks, de molécules, de protéines…). Mais à y regarder de plus près, les choses ne sont pas si simples. Aucune théorie ne s'interprète elle-même. On peut très bien, par exemple, être instrumentaliste à propos des sciences : on affirmera que les théories ne sont que des outils pratiques pour interagir avec la nature, pour faire des prédictions, pour développer des techniques. Une théorie, c'est seulement quelque chose qui fonctionne. On pourra aussi être réaliste et penser que les théories décrivent ce qui existe réellement dans le monde. Et même en étant réaliste, il n'est pas évident qu'il existe une unique interprétation pour chaque théorie : par exemple, la physique quantique pose de nombreux problèmes, et il existe des désaccords sur l'interprétation à avoir. Enfin on peut aussi se questionner de manière plus abstraite : qu'est-ce qu'une loi de la nature ? Qu'est-ce que le temps ? Si les théories scientifiques peuvent nous informer sur ces questions, elles n'y répondent pas directement, dans la mesure où plusieurs réponses sont compatibles avec les mêmes théories : typiquement, la question du déterminisme, est-ce que l'évolution du monde suit un déroulement fixé par des lois immuables, cette question n'a pas de réponse dans les théories, il existe des interprétations déterministes et indéterministes de la physique quantique. De même pour la question de l'atomisme par exemple.
Il existe des désaccords au sein même de la communauté scientifique sur toutes ces questions, du moins quand les scientifiques se posent ce genre de question : certains scientifiques sont instrumentalistes, comme l'était Bohr, d'autres sont plus réalistes, comme Planck ou Einstein, et ils peuvent diverger sur leur interprétation de la physique quantique. Mais ça ne les empêche pas le moins du monde de tous faire de la science, et d'être des bons scientifiques : ils parviennent à utiliser les mêmes théories, à développer de nouvelles hypothèses et à les tester, indépendamment de leurs positions philosophiques.
On voit donc que les questions philosophiques sont finalement assez indépendantes des questions scientifiques. Une hypothèse scientifique est toujours exprimée dans un cadre bien établi : en utilisant les concepts, le formalisme mathématique de la discipline. Le rôle du philosophe, c'est de se questionner sur le cadre lui-même, sur son interprétation, sur ses fondements, sur l'histoire des sciences et sur la façon dont on passe d'une théorie à une autre, sur les concepts que les scientifiques utilisent, d'une manière plus générale et moins appliquée à des cas particuliers. Le scientifique peut lui aussi se poser ce genre de questions à ses heures perdues, mais le philosophe tentera d'y répondre de manière plus systématique : en produisant des arguments rationnels allant dans un sens ou dans l'autre, et en utilisant les outils conceptuels de la philosophie.
On voit que la philosophie, puisqu'elle se pose des questions différentes, peut très bien être utile pour elle-même : il n'est pas nécessaire qu'elle soit utile aux sciences pour être utile ou intéressante en tant que démarche intellectuelle, pas plus que la science n'a besoin d'être appliquée techniquement pour avoir un intérêt en soi. C’est un malentendu implicite qu’on trouve chez beaucoup de scientifiques qui jugent que la philosophie est inutile : inutile aux sciences, peut-être, du moins à une partie de l’activité scientifique, mais ça ne veut pas dire pour autant qu’elle est inutile en soi. Notre travail n’est pas de servir les scientifiques : la philosophie n'a pas à être subordonnée à la science puisqu'elle s'occupe de domaines différents.
On voit aussi que l'idée, souvent entretenue par ceux qui pensent la philosophie inutile, que seule la science est capable de nous fournir des réponses aux grandes questions, ne va pas de soi. Les questions qui touchent aux fondements des sciences ou à leur interprétation ne sont pas elle-même des questions scientifiques. Alors bien sûr, on peut penser que si une question ne peut être décidée par l'expérience, c'est une question qui n'a aucun sens, ou une question qu'on devrait arrêter de se poser parce qu'elle ne recevra jamais de réponse. Ce serait une manière d’affirmer que seule la science est utile. Mais, premièrement, affirmer ceci, que les seules questions sensées sont les questions testables empiriquement, est déjà un positionnement philosophique particulier : on l’appelle généralement positivisme, ou empirisme. S’appuyer sur une position philosophique particulière pour affirmer que la philosophie est inutile est tout de même un peu problématique. Ensuite cette position, pour intuitive qu'elle paraisse, n'est pas si évidente à défendre. Il existe énormément de complications au moment où on se demande : quel genre de question peut ou non être confirmée ou infirmée par l'expérience ? Est-ce qu’on doit compter l’induction, ou le fait de dériver des lois générales à partir d’observations particulières, parmi ce qui est confirmé par l’expérience ? Est-ce qu'il existe vraiment une expérience ou des observations « pures », c'est à dire indépendante des théories, des croyances, de nos concepts ? Est-ce que ce qu'on considère non testable aujourd'hui ne sera pas testable demain à l'aulne de nouvelles théories ? Est-ce que les lois théoriques abstraites sont vraiment réfutables ? Dès qu'on creuse un peu ces questions, on voit que les choses ne sont pas du tout évidentes, elles touchent aux questions relatives à la cognition, à l'esprit, au langage… C'est d'ailleurs un domaine sur lequel la philosophie des sciences a beaucoup progressé au 20ème siècle. Par exemple, les philosophes ont montré que les théories interviennent généralement au moment même de faire des tests empiriques : nos rapports d'observation, et la manière dont on interprète une expérience, ne sont jamais entièrement indépendants de nos croyances théoriques. Par exemple le fonctionnement d'un thermomètre qu'on utilisera pour tester la thermodynamique dépendra lui-même de la thermodynamique : les outils de mesure se développent conjointement avec la théorie, ils ne précèdent pas la théorie, et de manière générale, croire en la fiabilité de nos mesures suppose de croire en certaines théories.
Enfin on peut remarquer que l'idée que les théories scientifiques sont simplement confrontées à l'expérience, que la science marche par progression linéaire, à coup de postulats et de réfutation d'hypothèses, ne va pas de soi non plus. Il faut dire que les scientifiques ou les amateurs de science ont parfois une vision un peu idéalisée de l'histoire des sciences, faite de grands génies qui révolutionnent la discipline simplement en observant attentivement la nature. Cette réécriture rétrospective a été réfutée par les historiens des sciences. Il est trop simple, par exemple, de penser que Galilée, quand il a défendu l'héliocentrisme, a simplement défendu une idée qui marchait mieux empiriquement contre une église dogmatique qui refusait de se rendre à l'évidence : en fait, compte tenu des connaissances de l'époque, l'héliocentrisme n'avait rien d'évident. Il y avait de bons arguments contre, comme le fait que la position des étoiles (qu'on pensait plus proches de nous à l'époque) ne change pas entre l'été et l'hiver, et puisque le principe d'inertie était encore mal compris, on pouvait légitimement se demander pourquoi nous ne ressentons pas le mouvement de la terre quand elle tourne. Il est probable qu'on aurait finit par arriver à l'héliocentrisme de toute façon, mais si la théorie de Galilée l'a finalement emporté à l'époque, c'est aussi pour des raisons sociologiques ou politiques : Galilée était bien implanté dans son époque, et certaines personnes influentes, comme Descartes, se sont appropriée l'héliocentrisme, parce ce qu'il s'harmonisait bien avec leurs idées philosophiques. C'est quand cette théorie a commencé à être mieux admise par une communauté influente importante qu'on a pu mieux la confirmer par de nouvelles observations.
De manière générale, l'histoire des sciences montre que les phases de progression linéaire par réfutation d'hypothèse ont effectivement lieu quand il existe un cadre bien établi au sein desquels les scientifiques travaillent : on parle de paradigme. C'était le cas par exemple au 18ème et 19ème siècle, quand le paradigme était la physique classique : les scientifiques n'ont cessé de développer cette théorie pour l'appliquer à de nouveaux domaines, avec succès. Pour autant, si effectivement des hypothèses particulières ont pu être confirmées ou réfutées par l'expérience à cette époque, il faut remarquer que le cadre lui-même, c'est-à-dire la physique de Newton, n'est jamais réellement remis en cause par une expérience. Pour prendre un exemple : quand on a découvert que l'orbite d'Uranus ne suivait pas la trajectoire prédite par la théorie, on n'a pas déclaré que la théorie de Newton était réfutée. On a plutôt fait l'hypothèse qu'il existe une planète supplémentaire qui explique cette anomalie, qu'on a baptisé Neptune. Et cette planète a été observée ensuite : c'est un grand succès pour la théorie de Newton. Quelques années plus tard, rebelote avec l'orbite de Mercure, mais cette fois aucune planète n'a jamais été observée pour expliquer la trajectoire déficiente de Mercure. Pourtant les scientifiques ont continué de travailler dans le cadre de la théorie de Newton pendant des années. On voit que ce sont toujours des hypothèses particulière qui sont confrontées à l'expérience, comme l'hypothèse de Neptune, mais le cadre lui-même, la théorie, n'est jamais vraiment remis en cause, et en fait il est à peu près impossible de le confronter directement à l'expérience : il y a toujours des hypothèses qui font l'intermédiaire entre le cadre et l'expérience. On peut toujours « sauver » une théorie face à l’expérience en proposant de nouvelles hypothèses.
La théorie de Newton n'a pas été abandonnée à cause d'un échec expérimental : elle a été abandonnée quand on a trouvé une meilleure théorie, la théorie de la relativité. Et cette théorie n'était pas meilleure parce qu'elle correspondait mieux à nos observations : elle était meilleure parce qu'elle parvenait à unifier la mécanique et l'électromagnétisme, sur lesquels les physiciens se cassaient les dents depuis des décennies. C'est avant tout un succès purement théorique qui a motivé la relativité. C'est seulement ensuite qu'on a essayé de comparer expérimentalement la relativité et la mécanique classique pour confirmer expérimentalement ce succès théorique. On voit donc que même en science, le rôle de l'expérience, même s'il finit toujours par jouer un rôle, n'est pas si évident et direct qu'on peut le croire naïvement, et la progression n'est pas si linéaire : la science fonctionne plutôt par une progression d'abord linéaire, une accumulation d'hypothèses bien confirmées, quand un paradigme est bien établi, puis une période de crise pendant laquelle les anomalies s'accumulent, mais sans que la théorie ne soit abandonnée, jusqu'à ce que se produise une révolution qui va complètement bouleverser les concepts que les scientifiques utilisent. C'est encore un apport de la philosophie des sciences du 20ème siècle que d'avoir mis en évidence ce fonctionnement, notamment avec les travaux de Thomas Kuhn et de Lakatos.
Tout ça ne veut pas dire que l'expérience, l'observation, ne joue aucun rôle dans l'acquisition d'une connaissance sur le monde, ça montre juste d'une part que l'expérience est toujours interprétée au sein d'un cadre donné, qui lui n'est pas directement confronté à l'expérience et pas vraiment réfutable, et d'autre part que l'expérience n'est jamais le seul déterminant : la connaissance scientifique a sa place dans un cadre plus large, un ensemble de concepts, une « façon commune » de voir le monde. Si l'on y réfléchit sérieusement, on verra que la connaissance scientifique, pour efficace qu'elle soit, ne constitue qu'une toute petite part de l'ensemble des choses que l'on sait et qui nous permettent de vivre au quotidien : ça incorpore par exemple une connaissance du fonctionnement de la société, des normes sociales de notre environnement culturel, des connaissances sur le comportement des gens… Ou des connaissances vraiment basiques, comme le fait que les objets persistent dans le temps. Notre cadre conceptuel est bien plus large que celui des théories scientifiques, qui est très spécialisé. Et l'expérimentation se situe bien dans ce cadre conceptuel large. Le rôle de la philosophie, c'est justement de se placer dans ce cadre plus général et de se questionner, de manière réflexive et rationnelle, sur tout ça : et en particulier, quand il s'agit des sciences, de réfléchir sur les concepts que les scientifiques utilisent, et sur la façon de les interpréter d'une manière générale, ou sur l'activité scientifique en elle-même. Et ce sont des questions auxquelles la science elle-même ne peut pas répondre, puisqu'elle fonctionne toujours dans un paradigme particulier qui prend sa place dans ce cadre plus large.
On a déjà cassé ici au passage de nouveaux mythes à propos de la philosophie : l'idée qu'elle serait déconnectée de la réalité et que seule la science, en contact avec l'expérience, serait capable de produire de la connaissance, et l'idée que la philosophie ne progresserait pas. La philosophie n'est pas particulièrement déconnectée, elle s'intéresse au monde, et la philosophie des sciences en particulier s'intéresse directement au contenu des théories scientifiques et à l'activité des scientifiques. Enfin la philosophie progresse : on comprend mieux aujourd'hui le fonctionnement de la science et le rôle de l'observation.
Il reste à savoir si la philosophie est utile : est-ce vraiment intéressant de savoir comment exactement fonctionne la pratique scientifique ? Est-ce que finalement les scientifiques ne s'en sortiraient pas aussi bien tous seuls, un peu comme on n'a pas forcément besoin d'être un bon mécanicien pour savoir conduire une voiture ? Ou bien est-ce que les scientifiques ne seraient pas eux-mêmes les mieux placés pour parler de la science, de sa méthode et de son fonctionnement ? On pourrait dire : ok, l'éthique, la politique, tout ce qui est du domaine de l'humain, laissons ça aux philosophes : on n'a pas encore de théorie solide à ce sujet, ça viendra peut-être un jour. Mais ce qui relève déjà aujourd'hui de la science, de sa méthode, de la façon de l'interpréter, c'est une affaire pour les scientifiques.
Encore une fois ce genre d'idée relève d'une vision un peu idéalisée de l'histoire des sciences : la science prenant son indépendance de la philosophie à une certaine époque, l'époque des lumières, et progressant de manière autonome, grâce à des génies qui découvrent, de manière isolée, de nouvelles théories : Galilée, Newton, Darwin, Einstein... C'est un peu cette idée qu'on retrouve dans la citation de Hawkins : « la science a repris le flambeau dans notre quête du savoir ». S’il y a du vrai là-dedans, c’est dans le sens où l'activité scientifique est aujourd'hui largement autonome de la philosophie. Mais tout de même, ni Galilée, ni Newton, ni Darwin, ni Einstein n'ont sorti leurs théories de leur chapeau à partir de rien : Galilée connaissait parfaitement les philosophes grecs, il discute leurs thèses dans ses écrits. Newton s'est lui-même inspiré de Galilée, mais aussi Descartes. Il est entré en discussion avec Leibniz sur la nature de l’espace. Mais il s’est aussi inspiré des grecs anciens : par exemple, il discute en longueur l'atomisme d’Épicure quand il présente sa mécanique des particules. Einstein était également érudit en philosophie, et les principes de la relativité dérivent assez directement d'idées qu'on trouve chez Leibniz ou chez Ernst Mach sur la nature relationnelle de l'espace et du mouvement. Selon ses propres dires, même Schopenhauer l'aurait inspiré à l'époque (même si quand on connaît cet auteur, on a un peu de mal à voir le lien…).
En fait la philosophie a toujours accompagné le développement des sciences, au point qu'elles étaient initialement indistinctes : Aristote, par exemple, spéculait sur la nature du mouvement en proposant des théories. Il expliquait que les bulles d'air remontent dans l'eau et que les objets tombent en invoquant sa théorie des quatre éléments. On peut y voir un embryon de théorie scientifique. Aristote pensait d'ailleurs que la philosophie devait avant tout être fondée sur l'observation de la nature, il menait à bien des expériences, et on peut y voir les prémisses de la méthode scientifique. On trouve aussi des spéculations sur la nature de la matière, chez Démocrite ou Épicure par exemple.
La science moderne est née en même temps que la philosophie moderne, à l'époque de la renaissance, notamment avec Copernic et Galilée. La nouvelle méthode expérimentale qui a fondé les sciences modernes a été inspirée entre autre par des philosophes du moyen âge, comme Guillaume d'Occam (à qui on doit le fameux rasoir d'Occam), et par Francis Bacon. Elle et a été très vite discutée par Descartes et d’autres philosophes. Le traité de Newton où il expose sa mécanique est intitulé « principes mathématiques de la philosophie naturelle ». Tout ceci a influencé les philosophes empiristes écossais : Locke, Hume. La philosophie de Kant est également très influencée par la mécanique de Newton.
Bien sûr avec le temps la science expérimentale a acquis de plus en plus d'autonomie vis-à-vis de la philosophie, mais mis à part certains courants un peu ésotériques, les philosophes n'ont jamais cessé de s'intéresser aux sciences, et la philosophie n'a jamais cessé d'inspirer les scientifiques. Par exemple, l'avènement de la physique quantique a eu lieu à une époque où la philosophie dominante était le positivisme logique. C'est un courant qui entretient une certaine forme d'instrumentalisme réductionniste à propos des sciences, et qui pense que les théories scientifiques se réduisent à des rapports entre nos observations qu'on peut analyser de manière logico-mathématique. Scientifiques, philosophes et mathématiciens se réunissaient régulièrement à Vienne pour discuter, c'est ce qu'on a appelé le « cercle de Vienne », et le positivisme logique a certainement eut une grande influence au moment des premiers pas de la physique quantique, comme l’atteste la correspondance entre les physiciens : Bohr ou Heisenberg défendaient explicitement un positivisme inspiré du cercle de Vienne, et on voit assez directement comment ces idées les ont amené à développer le calcul matriciel en mécanique quantique plutôt que l’image plus « réaliste » que proposait Schrödinger avec la fonction d’onde.
On peut citer d'autres exemples d'interaction : les travaux sur les fondements des mathématiques, par Frege ou Russell, qui ont ensuite été repris par des mathématiciens comme Gödel ou Hilbert (à l'époque du cercle de Vienne également). Ces travaux ont servi de base au développement de l'informatique. Les thèses utilitaristes de certains philosophes moraux, puis la théorie des jeux et de la décision rationnelle, ont inspiré les premiers économistes. Ou encore, toujours à la même époque, le positivisme appliqué à la philosophie de l'esprit a donné lieu aux thèses behavioriste, qui veulent réduire le discours à propos de l'esprit à une histoire de comportements humains uniquement, et le behaviorisme, même s’il est abandonné aujourd’hui, a initié la psychologie expérimentale.
Aujourd'hui les choses sont peut-être plus compliquées, car la science est tellement spécialisée que les scientifiques ont rarement une formation philosophique. Ils sont beaucoup moins érudits en philosophie que ne pouvaient l'être Einstein par exemple, qui s'est beaucoup interrogé sur des problèmes d'ordre philosophique, pour ne pas citer des scientifiques qui ont réellement contribué à la philosophie de manière importante, comme Pierre Duhem ou Henri Poincaré. D'expérience, pour avoir consulté certains blogs et assisté à certaines conférences de scientifiques, je constate que les scientifiques d'aujourd'hui sont parfois très naïfs sur les questions philosophiques. Ils ne connaissent pas l'histoire des idées parce qu'ils n'ont pas reçu de formation pour, et parce qu'ils n'ont pas toujours le temps de s'y intéresser. Il arrive que des scientifiques fassent de la philosophie à leurs heures perdues : quand ils sont à la retraite, ou quand ils rédigent des ouvrages de vulgarisation, par exemple, il est assez fréquent qu'ils se prononcent sur la façon d'interpréter les théories, ou sur la façon dont fonctionne la science en général. Mais ils réinventent souvent la roue, en réitérant des positions philosophiques dépassées : par exemple, un positivisme naïf, qui a pourtant été abandonné au 20ème siècle face aux critiques. Ou alors ils émettent des positions métaphysiques sur la nature du temps ou que sais-je qui sont plutôt confuses, qui relèvent plutôt de l'inspiration que de l'argumentation. Tout ça aurait été inconcevable il y a un siècle ou deux. Heureusement il existe quelques exceptions.
Ici on retrouve un nouveau mythe à propos de la philosophie : l'idée qu'elle ne demanderait pas de connaissances particulières, qu'il suffirait juste de réfléchir à une question dans son fauteuil. Si l'on n'est pas au fait des débats historiques et de l'état contemporain des débats, si on ne connaît pas ses classiques, il est impossible de faire de la philosophie sans réinventer la roue. Avec le temps, les philosophes développent des concepts, qui fonctionnent comme des outils pour analyser différents domaines de manière claire et précise, pour clarifier les autres concepts, et il faut apprendre à se servir de ces outils. La philosophie comme l'histoire des sciences, ça ne s'improvise pas, c'est un travail de recherche à part entière, ça s'apprend et ça prend du temps. Pour cette raison, les scientifiques, en tout cas ceux d'aujourd'hui, ne sont pas forcément les mieux placés pour discuter de la méthode scientifique sous ses aspects plus philosophiques, ou de la manière d'interpréter les théories, surtout quand ils ignorent à peu près tout de l'histoire des idées et de l'état des débats contemporains et ne font pas l’effort de se renseigner. Ça ne veut pas dire qu'un scientifique ne peut pas le faire : certains le font très bien, et on trouve beaucoup d'anciens scientifiques parmi les philosophes des sciences, mais ça demande un minimum de connaissances.
Ceci dit, les philosophes n'atteignent pas forcément le niveau de spécialisation des scientifiques non plus. Mais ils ne sont pas tous ignares en sciences, en tout cas pas les philosophes des sciences. Les philosophes politiques ou moraux ignorent parfois tout des théories physiques ou biologiques, ou en ont seulement une connaissance à un niveau de vulgarisation, mais la plupart des philosophes des sciences ont une formation scientifique, quand ce ne sont pas d'anciens scientifiques reconvertis, et ils sont très au fait des théories contemporaines. On peut trouver dans certaines revues des articles très techniques, remplis d'équations. L'idée de Hawkins que la philosophie n'aurait suivi les développements de la science est simplement fausse.
En résumé, il me semble donc que quand Hawkins ou d'autres affirment que la philosophie est devenue inutile, dépassée par les sciences, ils font simplement preuve d'ignorance : d'une part, ils ignorent que le philosophe ne se pose pas les mêmes questions que le scientifique, et donc on n'a aucune raison d'attendre de la philosophie qu'elle soit utile au même sens où la science est utile, ou qu'elle soit utile pour la science. D'autre part, ils ignorent que la philosophie et la science se sont toujours influencées mutuellement, et que la philosophie des sciences n'est pas du tout en retard sur les développements contemporains de la physique.
Si l'on peut trouver une utilité à la philosophie pour la science, ce serait celle-ci : la philosophie aurait pour rôle de clarifier les concepts, d'analyser notre langage, de questionner les fondements, ou encore de faire en sorte que certaines questions floues qu'on peut se poser sur le monde deviennent plus claires, jusqu'à devenir testables empiriquement. A la limite, si la philosophie fait correctement son travail, une question purement philosophique peut se transformer en question empirique : alors la philosophie donne lieu à l'émergence d'une nouvelle discipline scientifique, ou d'une nouvelle théorie, comme ce fut le cas pour la physique, la psychologie ou l'économie. Mais même quand une discipline est bien établie, la philosophie peut être utile au moment de questionner les fondements de la théorie elle-même, par exemple au moment des changements théoriques, des révolutions scientifiques dont je parlais tout à l'heure : quand le cadre entier dans lequel on travaillait jusqu'alors est remis en cause. Ce type de révolution s'est produit en physique au début du 20ème siècle. Il me semble qu'au moment des révolutions scientifiques, la philosophie peut être utile aux sciences pour forger de nouveaux concepts : la relativité d'Einstein comme la physique quantique ont été des révolutions inspirées par des idées philosophiques. Aujourd'hui, il existe des programmes de recherche en philosophie, à Genève notamment, qui s'intéressent au statut du temps dans les théories de gravitation quantique, et il est possible que ces recherches profitent aux physiciens qui essaient d'élaborer ces nouvelles théories.
Mais ceci étant dit, je persiste à dire que la philosophie n'a pas à être utile aux sciences pour être utile en soi. On vit tous aujourd'hui dans des démocraties, qui sont inspirées de théories politiques issues de la philosophie des lumières, d'idées abstraites sur la justice et la liberté, donc la philosophie peut avoir une utilité sociale que n'ont pas les sciences. Enfin elle peut être utile en elle-même : simplement parce que beaucoup de gens trouvent intéressant de se questionner sur le monde d'une manière abstraite et générale.
Pour terminer cette conférence, je propose d'aborder un aspect plus sociologique de ces questions qui concerne la raison pour laquelle, récemment, autant de personnalités publiques issues des milieux scientifiques se sont crue permises d'affirmer que la philosophie est morte, ou inutile. A mon avis on peut relever deux principales causes à ce phénomène.
La première est la spécialisation dont je parlais : les scientifiques contemporains connaissent mal la philosophie. Ils croient que c'est une discipline facile, ou ils font de la philosophie, parfois de la mauvaise philosophie, sans s'en apercevoir. Ils ont aussi une vision idéalisée de l'histoire des sciences et de la manière dont elle fonctionne.
Mais il y a une autre raison, je pense, qui tient au fait que dans les années 50 à 70, quand les critiques du positivisme logique sont devenu pressantes, on a vu apparaître en philosophie des courants relativistes ou historicistes assez radicaux, qui ont tenté de faire descendre les sciences dures de leur piédestal. A mon avis, ces débats ont eu du bon, notamment parce qu'ils ont montré que l'image naïve qu'on pouvait se faire du rôle de l'expérimentation ou du progrès linéaire des sciences était fausse, mais il a aussi donné lieu à des excès, et la spécialisation aidant, certains philosophes ou sociologues ne connaissant pas grand-chose aux sciences se sont emparés de ces idées d'une manière pas très rigoureuse. On peut citer par exemple le programme fort de la sociologie, qui consistait à affirmer que les objets scientifiques, les électrons ou les gènes, sont des « constructions sociales ». Aujourd’hui encore un certain nombre de chercheurs en sciences humaines entretiennent une attitude de défiance envers ce qu’ils appellent « l’hégémonie des sciences dures ». Ceci a eu pour effet d'énerver les personnes issues des sciences dures : on parlait à ce propos, dans les années 80, de guerre des sciences.
Ceci dit, l'excès peut venir des deux côtés, et on trouve parfois du côté des sciences dures une tendance un peu hégémonique, à tout ramener à sa discipline : un physicien pourra se sentir légitime pour proposer une hypothèse explicative en biologie, ou une théorie de l’esprit… Je ne veux pas généraliser mais c’est quelque chose qu’on rencontre assez régulièrement. Et puis on trouve aussi une volonté assez forte de délimiter clairement le territoire des sciences, d'être normatif sur ce qui constitue « la méthode scientifique », en niant plus ou moins les complications qui existent. Les scientifiques n'aiment pas qu'on se questionne sur la rationalité de leurs méthodes ou sur leur neutralité : ils ont tendance à y voir le cheval de Troie des pseudosciences, du créationnisme. Ils voudraient qu'il existe une frontière bien nette, et pas seulement sociologique, entre la « bonne science » et la « mauvaise science ».
Je pense que tout ça est très dommageable et qu'il faut dépasser ces débats. Défendre une « bonne science » complètement idéalisée, en effaçant toutes les nuances, n'est pas le meilleur moyen de lutter contre les pseudosciences : d'une part, si les scientifiques s’appliquent à eux-mêmes ce type de critères strictes, ça risque de plomber le développement de la science en rejetant toutes les idées nouvelles, pas très orthodoxes, mais qui pourraient être intéressantes à développer. Défendre la « bonne science » de manière stricte, c'est simplement défendre son paradigme : c'est être conservateur, mais les idées vraiment novatrices en science sont celles qui remettent en cause ce qu'on a toujours cru savoir, et elles n'impliquent pas systématiquement une vérification expérimentale immédiate, ou une acceptation immédiate par la communauté. Ensuite, défendre une vision idéalisée de la science, c'est donner le bâton pour se faire battre, et les créationnistes ou les partisans des médecines alternatives auront tôt fait de s'engouffrer dans les brèches pour défendre leurs lubies.
En tout cas toutes ces questions, ce qui distincte la science des autres activités, la bonne science de la mauvaise science, ne sont pas des questions scientifiques : elles relèvent de la philosophie. A un moment donné, il faut mettre les mains dans le cambouis si on veut vraiment être solide sur ces questions. Donc autant être au clair sur les débats : de l'eau a coulé sous les ponts depuis le constructivisme social des années 70. Il y a de bons arguments qui montrent que les thèses relativistes les plus radicales ne tiennent pas. Par ailleurs, il est certain que la science est institutionnelle, et que des aspects sociologiques entrent en jeux : il n'y a pas forcément de critère ultime pour délimiter une bonne méthode d'une mauvaise. Mais ça ne veut pas dire que ses résultats sont déterminés par la sociologie : on peut aussi voir l'institution comme une forme de contrôle social, peut-être imparfait, mais perfectible, sur les méthodes employées. Enfin le fait que la confrontation expérimentale ne soit pas si neutre, ou que le développement de la science ne soit pas si linéaire, ne veut pas dire que tout se vaut ou que les théories soient de pures inventions sans fondement solide. Ça ne veut certainement pas dire que l'homéopathie est efficace ou que la Bible est une source valide de connaissance sur l'univers. Donc à mon avis, on a tout à gagner à adopter une image plus nuancée de la science et de la pratique scientifique, et, surtout, à entretenir une curiosité, un questionnement philosophique, encadré par la rationalité, mais ouvert aux idées nouvelles, sur le monde.
Merci de votre attention.

3 commentaires:

  1. Bonsoir,

    Un discours très intéressant, bien qu'un peu "défensif" je trouve (C'est mon opinion). A mon avis, vous n'avez pas, vous les philosophes, besoin de vous justifier, mais simplement de montrer que la philosophie est utile (A chaque fois que l'occasion se présente, et il y a moultes occasions)
    L'avis de Hawkins n'est qu'un avis.

    Mais j'ai une autre question: vous affirmez que "il existe des interprétations déterministes de la physique quantique": lesquelles?

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  2. Merci pour ce commentaire. La mécanique bohmienne est une interprétation déterministe. Il y a aussi ce qu'on appelle le "super-déterminisme". La théorie des mondes multiples aussi est déterministe, en un sens...

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